Accueil

Sommaire

Ecrits
Les Rues De Ma Jeunesse
Toulon, mes années cinquante
Une bande de copains...

Puisque l’on parle de copains, il faut bien que je commence par citer quelques noms. Je les citerai simplement pour ne pas les oublier, pour me les rappeler lorsque je serai vieux, très vieux.
Il y avait Maurice Roubion, avec sa mèche noire à la Tintin et ses dents de devant qui sortaient un peu. Souvent nous le voyions arriver avec un sandwich. Et invariablement il y avait droit ! "Maurice donne moi un morceau". Il s’exécutait, souvent en râlant. Nous le considérions  comme un "fils de riche".
De fait, son père avait un magasin de tissu et de vêtements près de la Cathédrale, exactement à l’angle de la rue Magnaque et de la traverse de la Cathédrale qui rejoint le cours Lafayette. Je sais que plus tard, pratiquement en même temps que nous, ses parents ont déménagé. Ils avaient fait construire une maison dans la banlieue, pour fuir un peu le monde dans lequel nous trempions, le monde des immigrés...

Marie Framboise (en 2013) ! Le magasin du père de Maurice Roubion. Au coin de la rue Magnaque et de la traverse de la cathédrale.
Combien de fois a t-il changé de nom ?

Patrick Caron, le fils du boucher juste en face de chez nous. Son père était Gaulliste et comme le mien était communiste, il y avait parfois des discussions épiques. Nous communiquions en été par l’intermédiaire de miroirs. Le reflet du soleil éclairait notre fenêtre et lorsque nous voyions ces reflets nous savions que l’autre nous appelait.
Une pensée m’effleure à ce moment en pensant à lui. Elle est tellement intime que je ne sais si je dois la rapporter. Je me réserve pour plus tard.
Et Jean Claude
Tricot ? Un surdoué à l’école. Un frisé, qui habitait en face de chez moi "sur le côté" de Patrick Caron.
De même Christian Parnière.

Lui résidait au premier étage alors que Jean Claude Tricot. était au dernier. Le père de Christian tenait une boutique de bonbons au rez de chaussée. Et maintenant, j’y pense, il était rare que nous fassions la razzia dans les bocaux qui en contenaient de toutes les couleurs. Sa mère travaillait dans une boîte de nuit sur le boulevard de Strasbourg. Le Hifi Club. Elle était absente le soir... Mon âge peu avancé ne se rendait pas compte de la différence d’âge qui existait entre elle et son mari. Je ne peux dire si cette femme était fidèle. Elle avait une amie plus âgée, je me rappelle encore son visage.

Charly, le célèbre caricaturiste que je ne présente plus, a été subventionné par le Hifi Club pour son livre "Toulon aux milles visages".  Et sur sa caricature, il présente l'équipe des coulisses du Théâtre. Profitons en !

La pub sur le Hifi Club et les coulisses du théâtre !

Rappel :

Vous trouverez les diverses photos expliquant les lieux de résidence de chacun dans le menu (page) "quelques écrits sur ma jeunesse" sous menu "Le quartier" (ou clic sur ce lien !).

Parfois nous jouions "aux voitures". Nous allions souvent chez Jean Claude. J’apportais les miennes en prenant soin de ne pas les casser ou d’en perdre. C’étaient des Norev et des Dinky Toys. J’ai toujours été éduqué par mes parents d’une manière qui faisait ressortir le côté difficile de gagner les sous, donc "faire attention".

Une toute petite panoplie de la gamme Norev

J’avais d’autres copains, mais que je fréquentais moins.
Gonzalès, "un Espagnol" sans doute, je ne me rappelle plus son prénom. Il habitait dans le quartier rue des boucheries.
Et rue des boucheries il y avait le négoce Couadou ! Et Charly a été subventionné par eux.
Ceux qui veulent voir la publicité clic sur ce lien !!!

Christian Ricci, lui résidait dans la maison avec un porche reliant la rue saint Andrieux au cours Lafayette. Cette maison existe encore. Puis d’autres copains d’école qui habitaient à proximité. Robert Tual, Maurice Ronchetti...
Dans notre rue, il y avait un autre espagnol que je surnommais "crouanicou" et des "arabes". Une fille rachitique Pirette qui logeait dans l’impasse face à Mme Lerda la marchande de charbon toujours vêtue de noir et qui avait la peau de la même couleur... Ce négoce a disparu. Une impasse que le soleil n’a jamais franchi.

Pas plus au début du 20ème qu'en 2013, le soleil n'a jamais franchi l'impasse de la rue Saint Andrieux !

Nous étions des enfants de la balle, des enfants des rues. Le peu d’espace que nous avions dans nos logements nous y obligeaient. Et que faisions-nous dans ces rues ? Nous jouions à toutes sortes de jeux. Les billes. Les trous des plaques d’égout nous servaient de "pot". Lorsque les voitures passaient nous nous interrompions pour éviter de nous faire écraser. Combien de billes ai-je gagné ? J’en ai surtout perdu, et c’est ainsi que l’attrait du jeu m’est venu.
Oui, lorsque les livreurs passaient, nous interrompions nos parties. Cela me rappelle les petits camions verts foncé des etablissements Meiffret. C'était toujours le même bonhomme qui courait en tous sens. Il n'arrêtait pas de courir avec ses cartons à la main. Un longiligne pour ne pas dire un filiforme, en salopette bleue, dégarni sur le crâne. A croire qu'il était né pour courir. Sans doute une cadence à tenir. Je ne sais si à notre époque l'on tiendrait le rythme.
Et Charly a croqué le patron ! Qui était en même temps président d'honneur du RCT ! (RCT ? Compulser l'onglet "Besagne, le RCT, le SCT et une anecdote particulière" au sommaire !)

Une rumeur disait que le fils Meiffret avait disparu en Amazonie... Vrai ? Faux ?

Faux !

Il faut arriver fin 2016 et presque 60 ans après, pour que je me rende compte de l'erreur commise ! J'avais confondu Meiffret le transporteur et Maufrais (Raymond)  disparu en 1950 en forêt Guyanaise ! A l'époque je ne le savais pas ! On était bien jeune et la prononciation des adultes laissait parfois à désirer... Et lorsque je voyais les camions verts foncé livrer, j'avais une pensée pour le fils perdu ! Non, c'est une autre histoire... Meiffret, ce n'est pas Maufrais !!!

Je me dois d'insérer ici le lien qui conduit au site de Raymond et Edgard Maufrais. Son père l'a recherché plus d'une dizaine d'années en vain... (le lien est également inséré dans l'onglet "quelques liens" au sommaire).

http://www.maufrais.info/

En compulsant le site de Maufrais, je m'aperçois, en sus, que ce personnage était "notre voisin". Il habitait rue des Bonnetières, tout à côté de "notre" fameuse poissonnerie... Je me dois donc d'insérer quelques mots dans l'onglet "personnages célèbres de mon quartier". C'est le moins que je puisse faire... Clic sur ce lien pour y aller directement !

Mais je n'oublie pas la caricature de Charly sur Meiffret !


Ci dessus, c'est Meiffret, ses camions et le RCT !

En somme nous étions une bande de copains !

Qui se souvient de cette "raille" ? Les intéressés eux mêmes se souviennent t-ils ???
Maurice, Patrick, Jean Claude, Christian... Le "noyau de la bande".

Des quatre, Patrick était considéré le chef. En général on l’écoutait. Il était grand, maigre avec des cheveux blonds frisés. Le fils du boucher "Gaulliste"! Sa boucherie située en face de notre maison, était minuscule. Il habitait au dessus. Il n’y avait place seulement que pour un étal et une caisse que sa mère tenait. La bouche toujours maquillée avec un rouge à lèvre de couleur rouge écarlate, la maman de Patrick arborait systématiquement un sourire pour le client. Lorsque la fermeture approchait, de la sciure était jetée sur le sol pour faciliter le nettoyage. Je me souviens de cette sciure. De nombreux magasins adoptaient cette tactique.

Patrick avait une cave où des marchandises étaient entreposées. Il arrivait parfois que nous y allions pour nous "planquer" et regarder des revues plus ou moins licites. Si nos parents nous avaient vus à ce moment là, nul doute que nous aurions pris une dérouillée mémorable. Mais nous avions "le sens des affaires !"

Maurice quant à lui n’habitait pas le quartier. Ses parents tenaient le magasin de tissus au coin de la rue Magnaque et de la traverse de la cathédrale. Maurice Roubion, à la mèche de Tintin et son sandwich inséparable qu’il n’omettait pas de partager... Le soir après la classe, nous nous réunissions toujours. L’avantage de l’école primaire, c’est l’horaire de fin des cours. 16h30. Identique pour tous. Nous n’avions pas de soucis pour trouver une "plage" commune pour ces réunions.

Jean Claude Tricot. Je ne peux dire quel métier exerçaient ses parents...
Une parenthèse pour me souvenir de son grand père. Un clin d’œil me le rappelle. Il avait les cheveux blancs et son éternel "borsalino" vissé sur le crâne. Jean Claude était frisé, avec des cheveux châtains. L’intellectuel de la bande. Toujours premier "partout".

Quant à Christian Parnière, un blond avec de cheveux courts, de corpulence fine.

En 1962, j’étais parti avec lui en colonie de vacances. La colonie du curé de la paroisse de Saint Cyr ou Bandol, je ne me souviens plus trop bien. Un jour d’été, son père nous avais amené le matin de bon heure en voiture à notre rendez vous pour l’autobus. Un luxe à l’époque. Comme d'habitude, ma mère m'avait bien habillé, et avec ma chemise blanche j'étais sur mon trente et un !
Après un long voyage, nous arrivâmes sur le lieu de notre séjour : Tournoux et son fort, dans les Alpes de Haute Provence, au dessus de Barcelonnette. Et l’on chantait à tue tête dans le car : "Plus vite chauffeur, plus vite chauffeur, plus vite..."...


Au bas de la photo sur la gauche, la colonie de vacances de Tournoux (Alpes de Haute Provence). Le fort est situé à un ou deux kilomètres (sur la droite)

Coïncidence, il y avait un autre copain de Toulon dans cette colonie. Alain Vaillant de la rue Fougassière... Un grand longiligne qui ne faisait pas partie de notre bande, mais que je retrouvais au lycée. Il m’appelait "Moro vaca", pour dire mort aux vaches... Il convient de préciser qu'au bout de dix jours, ma chemise blanche était devenue noire ce qui fit dire à la monitrice qui nous surveillait : "Tu n'as pas de chemise de rechange ?"
Sacré maman qui s'occupait de tout, tu m'avais mis dans de beaux draps en me laissant tout seul face à mes responsabilités ! Je ne me rappelle plus si j'avais regardé l'état de mon slip… Pour nous rendre en pique nique ou passer une journée dans la nature, les déplacements étaient effectués en camion et sans bâche ! Nous étions empilés à l'arrière et nous chantions.
Le soir avant d'aller se coucher, le curé nous rassemblait dans la cour de la colonie et nous devions réciter le Notre Père. Catholiques, athées, protestants, à nos âges, nous ne savions trop ce que nous étions et force est de constater que nous le récitions tous plus ou moins correctement. Je n'ai jamais oublié ce que disait cette prière.

 

La rue Fougassière (sortie Ouest du parking Peiresc, vers le théâtre), où habitait mon copain Alain Vaillant.

D’autres personnages papillonnaient autour de notre troupe Toulonnaise, la "raille" comme l'on disait! Des copains que je n’oublie pas non plus. En général vers 17 heures, l’heure du rassemblement sonnait. Chacun arrivait avec son goûter. Il était souvent partagé et des discussions interminables commençaient.

Claaauuuudeeeee !!!
Du troisième étage ma mère s’époumonait pour me faire savoir que l’heure des devoirs sonnait ! Comme les moineaux qui s’égaillent, nous nous séparions en nous promettant de nous revoir le lendemain.
Dans la rue Saint Andrieux, il y avait d’autres fils d’immigrés. Nous ne les fréquentions pas ou peu. Des Arabes, des Espagnols. Nous les connaissions de vue, c’était ce que l’on appelait "des bandes rivales".
Il arrivait que nous en venions aux mains, mais la réconciliation était rapide le plus souvent...