Accueil

Sommaire

Récits
Stalag XII D
Récits de prisonniers
Lucien Violleau

Facebook.
Groupe : Prisonniers de guerre (POW) dans les stalags, oflags et kommando (je suis abonné).
Fin 2018, le manuscrit de Lucien " 2710 jours" est mis au tirage au sort. Au vu de la chance qui m'a toujours habité, je préfère le commander aux éditions "Les Archives Dormantes". Ce livre m'intéresse car Lucien Violleau conte sa vie en captivité au stalag XII A et XII D. Je me suis dit, enfin un ouvrage qui va me préciser comment se déroulait la vie au XII D.
Malheureusement pour moi, ceci dit sans aucune connotation péjorative, Lucien était prisonnier dans un Kommando du XII A puis du XII D. Ce n'était donc pas dans les "baraques" du stalag.
Un Kommando, par définition,
est un terme allemand qui désigne, sous le régime nazi une unité de travail forcé, une unité d'élite. Un camp de travail annexe aux camps de concentration.

Toutefois, je désire insérer ici des passages qui rendent compte de ce que Lucien raconte à propos de ces stalags (en italique).
Auparavant citons les sources :
La photo de Lucien : www.damienpouvreau.com
Le livre : www.lesarchivesdormantes.fr


Lucien Violleau

    
Cliquer sur les images pour agrandir

Examinons son récit et ses souffrances... (italique). Notons auparavant que la description de la "débandade" Française en 1940 est rapportée d'une manière plus que "vivante"...
P 140 :
La première adresse de Lucien en Allemagne.
"Numéro 50.062 stalag XII A - 941 - Deutshland
Là, il "travaille" durant plusieurs années à la carrière de pierres, travail dur, pénible.
P 160 :
Il décrit "l'état" des Russes fin 1941.
"La propagande Allemande assure que les prisonniers Russes dans les stalags sont bien traités, humainement. Or lui (son copain Lepoitevin) a vu des Russes maltraités, frappés à coups de matraque, à coups de poings et de pieds. Ils sont tous piteux de mines, car ils crèvent littéralement la faim. Toutes relations entre prisonniers Français et Russes dans le même stalag XII A, sont formellement interdites et réprimandées à coups de mitrailleuses. Les Russes sont séparés des Français. Chaque jour c'est par dizaines que meurent ces malheureux Russes ! Il y a des femmes et des gosses. Devant chaque cadavre que l'on transporte, les prisonniers Français se découvrent, d'où fureur des Allemands qui considèrent ces gens là comme des bêtes et non des humains. Tous ces malheureux ont une haine à mort contre les Allemands, et cela se conçoit, après les brutalités dont ils sont l'objet, brutalités qui ne sont pas dignes d'hommes civilisés..."
P 181 :
La seconde adresse de Lucien en Allemagne.

"Nous sommes mutés du stalag XII A Limbourg, au stalag XII D, Trèves. Mais malheureusement nous restons dans notre carrière...
Notre adresse : Stammlager XII D Trier - Kommando 941 A Kotzenrother Lay."
P 186, il rapporte :
" Nous n'aimons pas les Chleux, eux ne nous aiment pas non plus. Mais dans les stalags règne un moral plus fanatique que le nôtre : De Gaulle, les Anglais, Américains, Russes. Les Russes meurent chaque jour de faim, dans les stalags, quatre ou cinq et même plus par jour. Certains s'évadent et cherchent à manger par tous les moyens, même en tuant pour voler...
P 206 (et début 207) :
Lucien doit aller au stalag XII D pour se faire opérer d'une varicocèle.
"Je pars donc le samedi matin 23  (octobre 1943) à quatre heures du matin pour le stalag de Trèves....
Au stalag, peut être dix mille Italiens crevant la faim sont avec les Français : seuls sont séparés de nous, les Russes et les Indiens. Les Ritals font la queue, avec leur gamelle sous le bras, aux fenêtre des baraques des Français. Un énorme marché noir, pour avoir à manger ils vendent à très bas prix : montres, stylos, briquets, chemises, vêtements...
Une chemise : quarante biscuits. Pauvres Macaronis, prisonniers actuellement de leurs ex-alliés ! Et maintenant, ils sont haïs par toutes les nations ! Les Chleux leur font faire "la pelote" au camp, je les ai vus, moi...
...Je vais à la visite le 26. Je suis sortant de l'infirmerie, et rejoins le soir même la baraque 17 ou on attend pour le départ en Kommando. Il ne reste presque plus de Ritals au camp ; ils ont presque tous été embarqués pour les Kommandos. Je couche sur la planche. Une couverture dessous, deux dessus. Pas de traversin. Poussiéreux. Lumière éteinte à neuf heures s'il n'y a pas d'alerte. Mauvaise nourriture, à demi suffisante. Le stalag, c'est bon quelques jours seulement, mais après ces quelques jours, on s'y trouve abominablement mal !
P 210 et 211 :
Il poursuit (novembre 1943) :

"Départ le 26 : il neige. Arrivée à trois heures de l'après midi à Trèves. Deux cent soixante trois marches à monter  (je mets en gras, car ces escaliers ont fait l'objet de nombreux commentaires sur le net, que ce soit au cours de récits de la dernière guerre, ou ensuite par les soldats (dont moi) qui ont occupé le Pétrisberg, plateau où se situe le stalag XII D).
Il faut deux heures pour les formalités, à l'entrée du camp : fouille sévère, surtout pour l'argent civil ou les lettres écrites. Enfin j'arrive à la baraque 17, où je ne dois pas rester longtemps sans doute. Vers sept heures à peine, sonne dans la ville de Trèves la cinquième alerte de la journée. La lumière est coupée. On se sert d'une bougie. Je couche sur la planche : encore pas de paillasse. La vermine, la saleté, la poussière des couvertures provoquent une démangeaison, sur les bras, la figure, la peau. Le marché noir existe toujours, mais les prix ont augmenté avec les Italiens. Il existe également entre les autres prisonniers, entre Français : un paquet de nouilles, un mark et demi, trois marks le paquet de cigarettes, cinq marks celui de tabac. Certains gagnent des fortunes ainsi ! Soixante biscuits se vendent deux cents francs...
...Lundi 29 novembre, à trois heures de l'après midi je passe à la fouille...
... A cinq heures du soir, le train m'emmène vers ma nouvelle demeure !  Dans le train, un Chleux saoûl dit aux voyageurs au cours d'une discussion : " les Allemands ont perdu la guerre !"...

Page 239, Lucien spécifie que le stalag de Trèves est évacué le vendredi 15 septembre 1944 (d'autres dates "circulent"...).
Pages 249 et 250 Lucien dévoile son "for intérieur"...
" Un prisonnier, c'est un esclave, un chien.
Un certain soir du 18, décembre 1940, je débarquais sur la terre ennemie. Quatre années de captivité dans le pays chleux. Combien d'heures de découragement, de désespoir, tristes, inhumaines ? Malmené, travail par tous les temps, à contrecoeur, contre mon intérêt. Combien d'injustices, de privations matérielles et morales, de réflexions moqueuses et insolentes endurées ? Combien d'heures de bonheur, de joies perdues et qui ne se rattrapent jamais ? Combien de larmes, de soupirs au pays ? Quel poids de haine un coeur de prisonnier peut-il accumuler, pendant quatre longues années, contre ses inhumains geôliers ? Moi je suis catholique, je ne dois pas haïr mes ennemis...
Page 272, 273 et 274 retour au stalag après la libération...
"Mardi 20 mars 1945...
Arrivée au camp de Pétrisberg  vers huit heures du soir...
Arrivée au camp de Trèves, le même camp où je suis allé deux fois, mais une différence : dans les baraques entourées de barbelés, sont des prisonniers chleux ! Nous, on nous emmène dans les casernes qu'occupaient les Chleux autrefois. Tout est renversé. On couche sur les planchers en ciment, mais je suis habitué à la dure, et puis le moral est bon...
Les prisonniers chleux embarquent par pleins camions. On raconte que dans un camion chargé de prisonniers allemands, l'un d'eux ayant camouflé une grenade, l'a lancé dans un camion chargé de prisonniers français en le croisant...
En camion on nous conduit à la gare. Nous devons inaugurer le premier train partant de Trèves. Le temps est superbe. Sur les routes les autos américaines ne cessent de rouler. Trèves est presque déserte de civils...
Nous quittons Trèves, la ville en ruine. Tous les ponts ont été sautés; quelques uns sont provisoirement rebâtis en bois pour permettre la, circulation. Bientôt le Luxembourg....