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Stalag XII D
Récits de prisonniers Albera Andréa |
Albera Andréa. Triangle rouge, communiste...
Son
histoire, sur le site http://www.tiade.it/, est absente. Seule une page "souvenir" lui
est consacrée par le webmaitre, son fils :
Questa
pagina è dedicata a mio padre Andreino a cui, a causa dell'incendio degli
archivi militari, non è mai stato riconosciuto lo stato di deportato.
Cette page est dédiée à mon
père Andréino lequel, à cause de l'incendie des archives militaires, ne lui a
jamais été reconnu le statut de déporté.
Une
page mémoire et une image particulièrement saisissante que je vais essayer de
traduire au plus juste pour le respect de "l'histoire". Très
difficile. La tournure me fait défaut, l'essentiel de sa pensée devrait
sourdre, je l'espère.
"Au jour de la mémoire, je me
rappelle.
Le dernier morceau de pain.
Endurance, oui, une endurance, une force
individuelle, et pour ce qui était du possible (en notre pouvoir), collective,
endurance de notre "moi" (ego), morale, de notre personnalité, qui
devenait graduellement soumise, qui était graduellement étouffée sous toute
cette souffrance.
Fermeté à nous-mêmes, résistance morale
qui a permis aussi la résistance physique. Nous étions réduits à un poids de
trente, trente cinq kilos. Et pourtant l'on se maintenait. L'on se maintenait
parce que nous voulions redevenir, nous voulions redevenir des hommes du monde.
La solidarité se relâche et pourtant quand
demeure une petite flamme dans notre esprit (en nous), au frère mourant nous
donnons le dernier morceau de pain parce qu'il peut vivre encore un quart
d'heure.
De "Our Strength" (nôtre résistance), publié par la ville de Milan, ministère
de l'Éducation, en 1964
Cette balance
rudimentaire appartenait à mon père interné dans un lager (stalag XII D Trier, camp
de prisonniers).
Elle a été utilisée pour répartir (diviser)
le dernier morceau de pain.
Si elle pouvait parler, elle hurlerait de douleur. Mon père, bien sûr, a survécu à une telle horreur, mais, contrairement à beaucoup, il n'a jamais voulu ou pu parler de ce qu'il a vécu. Ce silence m'a enseigné plus que mille mots".
Quelle
humilité.
Les
historiens s'accordent à dire que tous les rescapés des camps, rechignaient à
parler de leur histoire. Longtemps ils se sont tus. Puis la vérité est sortie.
Elle est tellement bien sortie que certains, ceux que l'on appelle "les
négationnistes", renient ces vérités, renient les fours crématoires, renient
les chambres à gaz, renient les privations, renient toutes les abjections
subies par des millions de personnes dont six millions de juifs.
Pour
leur faire comprendre, sans doute, auraient t'il fallu leur faire comme
faisaient les "chauffeurs" du 18ème siècle qui brûlaient
les pieds de leur victimes dans la cheminée ou sur les braises pour leur faire
avouer où ils cachaient leurs économies…
Leur
bruler les pieds, certainement moins douloureux que de les brûler entièrement !
Ils apprécieraient alors le restant de leur corps. Chance que n'ont pas eue des
millions de déportés…