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![]() Récits
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Stalag XII D
Récits de prisonniers Silvio Acquistapace |
Surnommé "la mort ambulante" (voir les lignes ci après)...
Mémoires de guerre et de prisonnier...
Les
récits relatifs aux prisonniers de guerre Italiens au Stalag
XIID à Trèves ont
été récupérés
sur la toile grâce à Google.it.
Avant de s'intéresser à leur
histoire, il convient de se remémorer un
événement de première importance,
allant décider du sort de nombreux soldats Italiens,
l'évènement du huit
septembre 1943.
L’armistice de Cassibile
signé secrètement le 3 septembre 1943, est
l'acte par lequel le Royaume d'Italie cesse les hostilités
contre les forces Britanniques
et Américaines au cours de la seconde guerre mondiale.
Cet
armistice (une capitulation, en fait) est communément
appelé le "8
septembre" date à laquelle il a été
rendu public.
Les forces armées italiennes,
environ 2 millions d'hommes déployés en Italie
mais aussi dans les Balkans, en
Provence et en Corse sont totalement prises au dépourvu. Les
officiers
apprennent l’armistice sans pratiquement qu'aucune directive
leur ait été donnée
sur la conduite à tenir.
A part quelques unités
qui
choisissent de passer ouvertement dans le camp allié (en
particulier en Corse) ou
qui décident de poursuivre le combat au
côté des Allemands (elles formeront le
noyau des forces de la République Sociale Italienne
également appelée République
de Salò, qui fut un État
d'inspiration fasciste fondé par Bénito Mussolini
en Italie du Centre et du
Nord le 23 septembre 1943 dans les zones
contrôlées par la Wehrmacht), l'appareil
militaire dans son ensemble se désintègre en
quelques jours.
Traduit mot
à mot, Acquistapace veut dire "acheter (acquérir)
la
paix" ! Un nom prédestiné car, malheureusement
pour lui, il a souffert de
la guerre.
Son récit peut être lu de manière
exhaustive et dans la langue
originelle sur le site :
http://digilander.libero.it/SilvioAcq/
Ici, ce n'est que la partie
concernant le camp d'internement qui est rendue.
Dixit
la
remarque faite par les auteurs du site internet, ce bref
mémorandum a été écrit
spécialement pour
accompagner les documents
nécessaires à
la demande de pension
de guerre. Pour cette raison, l'auteur met l'accent sur
les aspects médicaux (santé)
et les travaux (affaires).
Sa photo trônant en page d'accueil, j'ai pensé utile de l'insérer au vu de son visage "poupon", visage certainement martyrisé par la suite.
Maridepo
- La Spezia 15-10 – 1938.
"Je
rejoins "les armes" dépôt C.T.M.
La Spezia le 15-10 - 1938. Classé définitivement
"fuoch"(?). Puis muté
catégorie trompettiste (clairon).
Transféré
à Fiume comme clairon dans les sous-marins Casermetta
à Borgomarina le 20-3 - 1939.
Transféré
au dépôt C.T.M. de Pula, et successivement
à l'École des sous-marins "Punta
Monumenti" (Pula). Le 11-3 - 1941 j'ai été admis
à l'infirmerie du dépôt pour
fièvre rhumatismale et gastrite à l'estomac
pendant 20 jours. Après l'Ecole des
sous-marins admis à l'infirmerie (un mois, avec un verre de
lait par repas et des
cachets) pour gastrite, gastro-entérite, syndrome du
côlon irritable et triple
appendicite chronique de type gastralgique. Diagnostic
"trouvé" par
le capitaine médecin de l'école. Ensuite
muté à la cuisine des sous-officiers pour
tout le reste du temps où j'étais à
l'école. Dans la même période le
médecin
capitaine m'a hospitalisé à l'hôpital
MM pour une opération de l'appendicite. Bien
cinq ou six fois je ne fus jamais reconnu malade par le directeur de
l'hôpital
le lieutenant-colonel Zaccaresi, qui me disait toujours les
mêmes paroles : "Moi
aussi j'irais bien volontiers à la maison et je ne voudrais
pas faire le service."
Dernièrement,
j'ai été amené à
l'hôpital chez M. Zaccaresi, par le lieutenant-colonel Primo
Lomgobardo, le célèbre "engloutisseur" de
vaisseaux ennemis dans
l'Atlantique, mais même cela n'était pas
suffisant, car le lendemain matin suite
à la visite, Zaccaresi m'a mis de sortie le soir
même. Sauf que, après le
déjeuner de la même journée, arriva
à l'hôpital un commandant chirurgien, qui prit
la charge du deuxième service de chirurgie où je
me trouvais. La première
visite faite par le nouveau commandant, lui aussi a trouvé
le même diagnostic
du capitaine de l'école, de sorte que, de suite, le 20 juin
1942, j'ai été
opéré. Après vingt jours de
convalescence et de la visite de contrôle au
dépôt
de Venise je "retournais convenablement au WC", alors que je
souffrais encore d'adhérences.
Le
Lieutenant Colonel Primo Longobardo, médaille d'Or de la
valeur militaire |
Le
navire atelier Quarnaro de la marine Royale |
Le
11 Mai 1942, je fus transféré sur le
navire atelier Quarnaro.
J'ai
débarqué le 10-5 - 1943, pour exécuter
une mission (affectation) à la batterie S.
Margherita Toulon (poste militaire 999 Rep 32 Menton).
Après
un mois de ration de guerre j'ai souffert de la faim et de la soif. Les
puits
d'eau de la batterie ont été
empoisonnés par les Français. J'ai
été admis à
l'infirmerie pour gastrite chronique, adhérences
chirurgicales, hémorroïdes
externes et internes. Le commandant de la batterie le lieutenant Di
Vascello Figaro
a effectué ma demande de rapatriement. J'attendais le
rapatriement quand est
survenu l'évènement du 8 Septembre 1943.
J'ai
été fait
prisonnier de guerre par les Allemands et envoyé au camp de
concentration en
Allemagne M. Stammlager XII D, Trèves.
Après
environ
un mois, ils
m'ont désigné pour
travailler au chemin
de fer (Arbeit -
Kommando.Ort:
Kirn 1,
Nahe
post 1022
/ A).
J'ai travaillé là
un mois, puis,
n'étant
plus en mesure de faire le travail
(je n'en pouvais plus des crampes
d'estomac), ils m'ont
donné plusieurs
raclées. Puis,
un beau matin, j'ai
été
emmené à un examen
médical à
Trèves. Je ne
savais pas ce qu'ils me
trouveraient.
Cependant, revenu à Kirn
ils m'ont mis à peler
les pommes de terre dans la cuisine des "travailleurs du rail"
pendant un mois. Puis à nouveau, ils
m'ont envoyé au
lourd travail de la voie ferrée, à réparer les voies bombardées. Dans les premiers jours ils nous faisaient
travailler même
sous les
bombardements. S'ils ne
bombardaient pas, il y avait peu
de jours où arrivait à midi le mix de
soupe de navets. Autrement nous
partions
le matin avec un peu de
café dans l'estomac et on arrivait le soir à
partager un morceau de pain
à vingt ou vingt-cinq personnes. Puis arrivèrent les
ordres pour décharger le charbon la nuit, et
ainsi on travaillait jour
et nuit et je souffrais de plus en plus
de l'estomac. J'ai fait
douze mois de cette vie, pour
la plupart, presque
toujours "mouillé".
Un
jour,
je suis tombé entre deux wagons
blindés, chargé de rails, dans un
tunnel à double voies, avec
la locomotive en marche (par miracle
je n'ai eu que quelques
fortes
contusions à la
tête et au dos).
Quelqu'un derrière moi a
vu ma chute
dans l'ombre. Avec un cri de frayeur
ils
ont arrêté la locomotive qui s'arrêta
à une centaine de
mètres de moi. En l'attente de trouver
un levier j'ai mis un pied
"pendant" (on avait des sabots
néerlandais aux pieds). J'ai
mis le talon
sur le haut du crochet
où on
accroche les wagons, je me
retournai sur moi même et
tapait la tête sur les tampons.
Avec le
poids du corps j'ai glissé
dessous, en tapant les épaules sur la voie de
droite et
les pieds sur la voie de gauche. Je ne
sais pas, avec
l'étourdissement que j'ai eu, comment
j'ai trouvé la
force, avec un
mouvement
rapide, de m'allonger le long de la voie notant que la
coque du wagon au milieu s'est
soulevé du sol d'environ
vingt centimètres. Même
pas ce qui
m'a tapé, de sorte que le
convoi passait sur moi,
je fus indemne
à part le coup que j'ai pris sur la nuque et aux poumons chutant d'une hauteur d'un
mètre et demi.
Puis
j'ai été
transféré
avec d'autres compagnons dans une
mine de fer à Bingerbrück,
un nœud ferroviaire important,
près de Waldalgesheim".
Traduire
avec Google ? De l'hérésie à mon sens.
Capable du meilleur
comme du pire. Des expressions "fort à propos", des
dyslexies… Je
maitrise un tantinet l'Italien et la traduction des deux pages
précédentes m'a
pris un certain temps. Il a fallu reprendre des tournures non traduites
de
façon satisfaisante, des mots erronés.
A
force de vouloir bien faire, le cerveau, face à des phrases
élaborées
par la machine mises en relation avec le texte, se retranche parfois
derrière
un a priori, une brume abstraite. Nous en arrivons à "du
petit
Français". Pour cette raison, je n'ai point eu le courage de
transcrire
toute l'histoire de Silvio.
"Je
suis arrivé au poids de trente trois kilos, mes compagnons
me surnommaient la
mort ambulante. L'odeur de pourri sortait de ma bouche et les douleurs
me
prenaient jusqu'aux poumons, je me sentais enfermé dans une
cuirasse en fer…"
Que peut-on
rajouter devant une
telle barbarie ? Je suis dans l'expectative.
Je m'interroge. Laisser dans un placard une
somme non négligeable de souffrances, ma conscience me
travaille.
Non
! Je ne peux me permettre d'être indolent
devant les épreuves, les tortures, les brimades, les peurs,
les vexations, les
angoisses, les maladies, la faim, toutes ces humiliations que ces
soldats ont
subi. Finalement, je me dois de traduire, cela prendra le temps qu'il
faut…
Même si Silvio n'était plus physiquement au stalag XII D de Trèves, ce qu'il a enduré doit être raconté. Je ne pense pas que ces infamies fussent diminuées au camp du Pétrisberg. Les Russes ont été particulièrement gâtés sur le sujet, Jean Louis Morvan le narre parfaitement (voir son onglet).
Comme déjà, indiqué ci dessus, en Italien, un proverbe dit : Tradutore, traditore" ce qui signifie traducteur, traitre. Très humblement je demande pardon à l'avance si celle-ci ne sera pas à la hauteur de ce que ces soldats, dans l'enfer des stalags, l'auraient souhaité. Certaines hérésies traductrices se manifesterons peut être. Nonobstant, la quintessence, sera rapportée avec le plus profond respect qui sied à ces damnés de la terre…
"Mon
chef était un
hiérarque de la SS. C'était
la récompense, comme
ils disaient, puisqu'ils
nous avaient accordé le
statut de civils. Selon eux, nous
devions travailler et être
traités comme
des civils allemands
...
Ainsi
nous traitaient-ils : le réveil du
matin était toujours fait par le hiérarque
SS, le révolver au
poing, qui le plus souvent
prenait
plaisir à nous le cogner sur la tête en criant "Ausstieg" ["bas",
"austim" dans le texte].
Ainsi j'ai donc commencé
la nouvelle
peine. J'ai
résisté pendant
plusieurs mois au travail dans les mines,
fièvre élevée ou
non. Ils voulaient vingt
wagons
de matériaux par jour
sur l'élévateur
à la galerie principale. Peu à
manger, beaucoup de travail
et de
mauvais traitements à
380 mètres
sous terre, avec un air
malsain. Je
suis arrivé au poids
de 33 kg et
mes compagnons m'appelaient "la mort
ambulante".
De ma
bouche
sortait une odeur de
pourri, les
crampes d'estomac me prenaient jusqu'aux
poumons et je me sentais
enfermé dans
une cuirasse de
fer, avec une douleur insupportable.
Un
matin,
j'ai décidé
de ne plus me lever, au prix de me
faire tuer. Notre chef
["scef" dans le texte], après
de nombreux coups m'a tiré du lit (littéralement
château en bois
car lit
à étages) et me
dit de le suivre.
En fait, il m'a transporté
avec une charrette de paysan à l'hôpital
où j'ai
été admis d'urgence
et j'y suis resté
37 ou 38 jours, mais avec
peu d'améliorations. Ils
me faisaient beaucoup d'injections
et me donnaient peu de purée
(à manger). Je me faisais
expliquer des voisins de lit et d'une sœur
Française de religion catholique et
ils m'ont dit qu'ils me soignaient pour
ulcère et
pleurésie. En outre, j'avais compris quelque
chose, même des
médecins eux-mêmes.
![]() Bingerbrück dans les années 1920 |
![]() La mine
“Elisenhöhe” vue de la gare de
Bingerbrück |
Un
soir, entra dans la chambre un homme
distingué habillé en civil. Nous avons
pensé qu'il était médecin. Il a
commencé
à demander en allemand à chacun de nous de quelle
nationalité nous étions et
comment nous nous trouvions en Allemagne, soldats ou travailleurs. Moi
aussi j'ai
aussi répondu à ses questions et quand il a
appris que j'étais un prisonnier de
guerre et Italien il me regarda avec un visage haineux et s'enfuit.
Deux
minutes après vint la religieuse française et me
dit que l'homme qui m'avait
interrogé était de la SS et qu'il
était allé au "bureau"
["Biro" dans le texte], c'est à dire dans le service, pour
lui dire
que j'étais un élément à
envoyer à "l'Arbeit Front" (travail en
première ligne !), où ils devaient travailler
aussi longtemps qu'ils le
pouvaient et quand ils ne pouvaient plus, ils leur faisaient creuser
une fosse
et ils les enterraient vivants, et non pas les maintenir en soins
à l'hôpital. Ainsi
je fus chassé avec une lettre à porter au
responsable de la mine.
J'ai
rejoins la mine
cette nuit-là. Je marchais à
travers les ruines de la
ville complètement
détruite. Pris
comme point de
référence la
cheminée
de la mine qui se dressait dans la
colline que j'ai rejoint avec difficulté. Le lendemain
matin, quand le
chef passa pour
le réveil, j'ai
remis la lettre, il la lu et me dit de suite
que
c'était pour m'envoyer dans
un endroit
agréable. Deux
jours se passèrent sans
que l'on me donne quelque chose à manger et ils me faisaient
nettoyer le dortoir qui se
trouvait dans le grenier. Je protestai pour
qu'il me donne quelque chose à manger, parce que je
n'avais pas le courage de
mendier à mes compagnons,
qui avaient à peine deux
patates en mélange avec des
navets.
Ils m'ont dit que le lendemain, il
m'en aurait donné, puis ils m'envoyèrent l'interprète qui
m'a fait savoir que le lendemain matin,
je devais partir avec des Russes malades depuis assez longtemps. L'interprète
m'a réconforté
et m'a dit en même temps
de faire
attention où ils
m'emmenaient, parce que dans
d'autres
camps il était
déjà arrivé que les
prisonniers malades, qui
ne
pouvait plus travailler, ils les emmenaient aux fours
crématoires, mais je
ne donnais pas cas à ces paroles.
En fait, le lendemain, un étrange convoi est arrivé à la mine, à
savoir un tracteur tirant une espèce de remorque
avec une grosse
caisse haute. Nous avons
chargé 17
Ukrainiens russes, dont deux
femmes, deux français
et moi, seul Italien.
Nous nous sommes demandé qui
savait où nous allions, ils
ont tous dit "en
lazzarett", c'est à dire à
l'hôpital.
Je
pensais qu'on avait fait environ 40 kilomètres de la mine de
Bingerbrück
Waldalgesheim ["Binghenbrich dans Valdalghesaim" dans le texte]. Nous
avons traversé une ville pas si grande dont je ne me
souviens pas le nom
[Wiesbaden? Cela pourrait être Coblence ou Mayence, qui
pourtant n'avaient pas
de camps de concentration]. En banlieue nous nous sommes
arrêtés à l'entrée
d'un camp de concentration, à ce qu'il semblait, et
derrière lui il y avait de
beaux terrains de tennis et d'autres sports. J'ai vu beaucoup d'hommes
jouer en
tenue (uniforme) jaune de la SS et ils nous faisaient peur. Je me
rappelle, à
partir de la mine pour arriver en ville, nous avons
été obligés de nous arrêter
et descendre rapidement plusieurs fois à cause de chasseurs
bombardiers qui
nous attaquaient. Ce matin là, la ville ressemblait
à un tohu-bohu, une arrivée
ininterrompue de formations de bombardiers. Finalement nous
commençâmes à
entrer les premiers après avoir été
placé en file indienne. Les Russes devant,
puis deux Français, moi en dernier. Nous entrions un
à la fois. Deux soldats à
l'entrée, avec une brosse et une petite bouteille de minium
rouge, étaient
occupés à faire, l'un un trait vertical rouge
dans le dos, l'autre une ligne
horizontale d'une épaule à l'autre, pour former
ainsi une croix rouge sur le
dos. Après un moment d'attente
désespérée, j'ai vu un jeune homme
vêtu d'un
costume de mécanicien de la marine italienne en lambeaux
qui, traversant le
champ, est venu dans notre direction et s'arrêta
agrippé au fil de fer barbelé
du camp, un peu écarté des soldats.
Après
s'être rendu compte qu'aucun des Allemands ne
s'était aperçu de sa présence, il
dit en dialecte sicilien : Il n'y a pas d'Italiens parmi vous ? Moi qui
observait ses mouvements je levais les bras et dit : "Moi". Lequel me
dit : "Pauvre fils et mère, tu sais où tu vas ?"
Tu ne sais pas que
ce camp est un camp d'extermination ?". Disant cela il s'en alla en
tournant
la tête de droite à gauche. On avait compris qu'il
avait peur que quelqu'un le
voit. Je frémis (pour ma vie) et informa le
Français à côté de moi et
lui aussi
a également été stupéfait. Son compatriote était prêt à
entrer et juste à temps, un bruit, un
déplacement
d'air, nous averti d'un grand
bombardement en cours.
Le chef, se rendant compte de la situation, je n'hésitais pas à
faire
une course
désespérée nous
dirigeant vers
la campagne, pendant que tombaient
résidences et villas.
Moi et le français nous nous
sommes rendus compte que
le bon moment était venu
pour s'évader.
Eloignés de 50 mètres du
chef, nous l'avons suivi. Les bombes
tombaient à gauche et
à droite, détruisant
tout. Après un
virage de la route, pendant une courte période,
alors que nous dépassions
un obstacle,
un tas de gravats, nous
avons perdu de
vue le chef. Après un bon trajet dans la campagne nous l'avons
encore vu se jeter à
terre. Nous sommes
arrivés à une
haie
(clôture) s'arrêtant
au milieu, cachés,
le cœur en tumulte, qui
semblait vouloir sortir de
la poitrine, et une
douleur au flanc gauche.
Nous n'en
pouvions plus. Au bout de
cinq minutes,
le chef reprit sa course
effrénée et
nous
l'avons suivi, mais de loin,
puis nous l'avons
encore perdu de vue, au
voisinage de quelques
fermes.
Après
deux
jours et deux nuits
d'errance à travers la campagne, nous fûmes arrêtés
par des policiers et des soldats
rencontrés sur la route.
Ils nous ont
demandé où
nous allions, seuls, et
nous avons répondu
à tous que
nous étions en ville
pour un
examen médical et nous
nous dirigions
vers Waldalgesheim - Bingerbrück
et que nous travaillions dans les
mines. Alors, ils nous indiquèrent la route
pour les rejoindre.
Nous
étions arrivés, et nous n'avions plus
le courage de nous présenter. Après quelques
hésitations, nous avons décidé
d'entrer par la porte principale. Le chef nous a rejoint
aussitôt et nous dit
d'aller chacun à son coin et faire un peu de toilette. Le
lendemain matin, il
est venu nous chercher tous les deux, toujours notre sac à
dos accroché aux
épaules. Il nous a emmenés sur la route qui
mène à la ville et nous a donné un
coup de pied au cul à chacun. Il nous a montré la
route en disant : "Celle-ci
est la route qui mène vers l'Italie, celle là
c'est la route qui va vers la
France, allez et ne revenez plus".
Après
avoir fait quelques centaines de
mètres, le
français me dit: "Tu
vois ces maisons?
Là, travaille mes
paysans chez des agriculteurs.
Je vais
me cacher là".
Alors, je lui ai
demandé: "Puis-je
venir aussi ?". Il m'a fait comprendre
que c'était
déjà
trop risqué pour lui et pour moi cela
n'aurait pas été
possible. Le saluant, je
me dirigeais vers la ville,
seul. Chemin faisant,
je me suis
souvenu d'avoir trouvé un jour, pendant que nous
travaillions à sortir
les morts de
dessous les décombres
de la ville,
quelqu'un qui m'a dit qu'à trente
kilomètres, c'est-à dire
à Boppard où était son baraquement, il y avait une délégation de
fascistes Italiens qui était
intéressé par le
rapatriement des
malades, en particulier
ceux des poumons.
Sans hésitation,
je me dirigeais vers
Bingerbrück détruite par les
bombardements. Il y avait
encore des
Français qui
travaillaient à la
gare.
Avec le
petit train, dans la
soirée, nous sommes
allés à Boppard,
où ils avaient leur
baraquement. J'ai attendu jusqu'au
départ et je
suis allé avec
eux et arrivés à
Boppard ils m'ont indiqué où
était la
baraque des prisonniers Italiens. En
fait, ils
m'acceptèrent, étant entendu, toutefois, de rester
caché, en disant que
dès qu'il le
pouvait, le maréchal de
notre marine,
qui était le chef de baraque, me
porterait à la délégation.
Interlude !
Interlude
car l'envie de procéder comme les "antiques
traducteurs" (avant que le progrès technique ne fasse son
apparition et
que l'ordinateur supplante notre imagination) m'a envahi.
Papier,
crayon. La translation coule comme de l'eau de source.
N'étant
pas pollué par l'apriorisme de l'automatisme, je
m'étonne moi-même de la facilité
à laquelle j'ai à comprendre son texte. Cela
sourd comme de l'eau de source. Je
ne suis pas resté sourd à mon envie ! Il me
faudra simplement comparer mes
écrits et ceux de Google car, bien évidemment par
fainéantise, je ne vais pas
saisir le texte mais recopier et remodeler en fonction de ce que le
moteur de
recherches m'indiquera. Inutile de préciser que je saisirai
le meilleur de sa
prose et de la mienne.
Je
ne peux être que reconnaissant au futur lecteur de ces
quelques
lignes s'il avait l'amabilité de me faire savoir comment il
apprécie le style
qui suit et s'il est à la hauteur de la première
partie traduite.
"Là,
je restais une semaine,
mangeant quelques pelures de pommes de
terre que
les autres refusaient. Puis
vint le
jour où le maréchal
m'invita à
sortir avec son équipe. En passant par la ville le maréchal m'indiqua
du doigt un portail me disant que la
délégation était
là. J'y allais
et expliquait tout.
Ils m'ont dit qu'ils étaient très
désolés, mais
qu'il n'y avait plus un
mètre de ligne "active"
pour aller en Italie, et
d'attendre (supporter)
avec patience qu'ils
pourraient m'aider autrement.
Ils
me firent trois
lettres dans trois grandes enveloppes rouges et ils me prièrent de
retourner à la mine et
donner ces enveloppes au
chef. À
contrecœur je
retournais. Quand
il m'a vu entrer,
le chef hocha la tête et me fit signe d'approcher. Je
lui donnais en main
propres les lettres. Il
les lu de suite,
puis me regarda avec un air sévère et
dit: «Komm!"
["Cam"
dans le texte]. Il m'emmena
en cuisine
récupérer la soupe
des compagnons. Je la
portais au dortoir,
où il me rejoignit de suite, et
lui demandais quelque
chose à manger. Il
me répondit qu'en
Allemagne qui travaille
mange et
qui ne travaille pas ne mange
pas, puis il me donna l'ordre de nettoyer chaque jour le
dortoir, et il me concédait une
moitié de mélange de pousses de navets et rien d'autre.
Après
un mois, guère plus, finalement les Américains
sont venus,
en bas, en ville un
soir. Après
minuit, les Allemands nous
ont fait traverser le Rhin
sur l'autre
rive de la colline.
Il y eu
encore 18 jours et
18 nuits
de marche, à tour de rôle
tirant un chariot rempli d'outils
pour faire des barrages
antichars.
La dernière nuit
de marche ils me
firent entrer à trois heures
du matin
dans une salle de classe.
Nous
nous sommes endormis à peine jeté à terre.
Pendant ce temps, les chefs
qui nous accompagnaient,
profitant de notre sommeil,
décampèrent
à pied, nous
laissant libres à notre
destin encore difficile.
Le
Jeudi Saint (ascension)
de 1945,
les Américains nous ont
libérés. Ils nous
rassemblèrent dans
des camps de concentration
en l'attente du rapatriement (Idstein
["Istein"], Markusberg [(Trèves), «Maseurber"]
et Wittlich ["Vitlisc"].
Dans les camps
précités, j'ai toujours été
hospitalisé et soigné au mieux par les
Américains.
Rapatrié
le 15juillet 1945.
Admis à l'hôpital
de Sainte-Anne [(Côme)]
pour contrôles
et tests diagnostiques, au
tube digestif et
à la plèvre.
1)
La Spezia (mobilisation, 15
octobre 1938)
2)
Fiume
(clairon, 1939)
3)
Pola (école
des sous-marins)
4)
Venezia (visite
médicale)
5)
Pola
6)
Quarnaro
(bateau, 1942)
7)
Tolone (mission
urgente, 1943, 8 Septembre prisonnier des Allemands)
Les
lieux de détention en
Allemagne
8)
Trèves (camp de concentration)
9)
Kirn (travaux
sur les voies ferrées)
10)
Trèves (visite
médicale)
11)
Kirn
12)
Bingerbrück
(commune de Waldalgesheim mine jusqu'en fin 1944)
13)
Wiesbaden?
(camp d'extermination)
14)
Bingerbrück
15)
Boppard (en
espérant le rapatriement)
16)
Bingerbrück
17)
Idstein
(prisonnier Américain)
18)
Markusberg (commune
de Trèves, prisonnier Américain)
19)
Wiesbaden (prisonnier
Américain)
20)
Colico
(rapatriement, 15 juillet 1945)...
1) Ce bref mémorandum (comme indiqué au début de son histoire) a été écrit avant tout pour accompagner les documents nécessaires à la demande de pension de guerre. Pour ce motif, l'auteur se concentre sur les aspects médicaux (santé) et les travaux (affaires). A noter que tous les dossiers médicaux, après avoir été présentés à un certain bureau (office), ont mystérieusement disparu, l'empêchant de recevoir une juste reconnaissance des dommages subis. Les notes suivantes portent sur des anecdotes omises dans le texte.
2)
Silvio
rapporte
que,
après
avoir atteint
le sommet
de
la colline
et
en regardant la
ville,
il
a constaté que
l'hôpital
avait été
détruit
par les bombardements.
3)
Pendant
sa
captivité,
il ya plusieurs
circonstances
dans lesquelles
Silvio
s'est
trouvé
sur
le
point de mourir (à un doigt de la mort)
et
desquelles il est
mystérieusement
sorti
vivant.
Il est devenu un
homme profondément
religieux,
et pour
lui, cela relève de
miracles.
Un
autre cas singulier
s'est
produit
au
travail
dans
la mine.
Ensemble à
d'autres prisonniers
il est
resté enseveli par
une chute
de
pierres.
À
tâtons dans
l'obscurité,
après
un certain temps
ils ont
réussi à communiquer avec l'extérieur
en tapant sur un
tuyau
de fer,
jusqu'à
ce qu'un groupe
de
prisonniers Russes
de
passage
leur ont
répondu et
en
creusant
ils ont réussi à les
délivrer.
Silvio
rapporte
aussi que,
dans
un moment de
profond
abattement,
il
avait prié
la Madone de
ne pas
le
laisser mourir
en
Allemagne,
et en
réponse à
s'entendre
ces
paroles "Tu
ne mourras pas ici.
Tu rentreras
chez toi et
tu seras
père d'une
famille nombreuse.
Bien
que réduit
à
l'extrême,
Silvio
a
pu
rentrer
chez lui,
épousa
une
fille
du pays
et
devint père de
dix
enfants
(cinq
garçons
et cinq filles).
Site
créé par
son
neveu
Guido
et de sa
fille Marilena.
Les images ont
été prises
sur internet. Pour
plus d'informations:
fam.copes
@
libero.it
Notons
ici, que tous
les dossiers médicaux
d'Acquistapace,
après
avoir été présentés
à
un
certain
bureau,
ont
mystérieusement disparu
!
Le
chapitre consacré à Albera Andréa
(voir son onglet), débute de la même
manière : "Cette page est dédiée
à mon père Andréino lequel,
à cause de
l'incendie des archives militaires, n'a jamais
été reconnu le statut de
déporté".
Coïncidences
? Concours de circonstances ? Drôle d'hasard ! Vous les
appellerez comme vous voudrez. Personnellement, je ne le pense pas.
Pourquoi ?
Les recherches sur la toile avec google.fr, .it, .de, .ru, .uk, .be,
etc. à
propos du stalag XII D ont donné peu de résultats
(quelques récits insérés dans
ce recueil). Et sur trois récits d'Italiens, deux ont
posé problème. Qu'en
déduisez-vous ? Devons nous incriminer des
autorités de ce pays ?