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Stalag XII D
Récits de prisonniers
Silvio Acquistapace

Surnommé "la mort ambulante" (voir les lignes ci après)...

Mémoires de guerre et de prisonnier...

Les récits relatifs aux prisonniers de guerre Italiens au Stalag XIID à Trèves ont été récupérés sur la toile grâce à Google.it.
Avant de s'intéresser à leur histoire, il convient de se remémorer un événement de première importance, allant décider du sort de nombreux soldats Italiens, l'évènement du huit septembre 1943.
L’armistice de Cassibile signé secrètement le 3 septembre 1943, est l'acte par lequel le Royaume d'Italie cesse les hostilités contre les forces Britanniques et Américaines au cours de la seconde guerre mondiale.
Cet armistice (une capitulation, en fait) est communément appelé le "8 septembre" date à laquelle il a été rendu public.
Les forces armées italiennes, environ 2 millions d'hommes déployés en Italie mais aussi dans les Balkans, en Provence et en Corse sont totalement prises au dépourvu. Les officiers apprennent l’armistice sans pratiquement qu'aucune directive leur ait été donnée sur la conduite à tenir.

A part quelques unités qui choisissent de passer ouvertement dans le camp allié (en particulier en Corse) ou qui décident de poursuivre le combat au côté des Allemands (elles formeront le noyau des forces de la République Sociale Italienne également appelée République de Salò, qui fut un État d'inspiration fasciste fondé par Bénito Mussolini en Italie du Centre et du Nord le 23 septembre 1943 dans les zones contrôlées par la Wehrmacht), l'appareil militaire dans son ensemble se désintègre en quelques jours.

Traduit mot à mot, Acquistapace veut dire "acheter (acquérir) la paix" ! Un nom prédestiné car, malheureusement pour lui, il a souffert de la guerre.
Son récit peut être lu de manière exhaustive et dans la langue originelle sur le site :

http://digilander.libero.it/SilvioAcq/

Ici, ce n'est que la partie concernant le camp d'internement qui est rendue.

Dixit la remarque faite par les auteurs du site internet, ce bref mémorandum a été écrit spécialement pour accompagner les documents nécessaires à la demande de pension de guerre. Pour cette raison, l'auteur met l'accent sur les aspects médicaux (santé) et les travaux (affaires).

Sa photo trônant en page d'accueil, j'ai pensé utile de l'insérer au vu de son visage "poupon", visage certainement martyrisé par la suite.

ATTENTION : La traduction de ces pages n'engage que moi... En Italien, l'on dit "tradutore traditore" ce qui veut dire traducteur traître. Je crois toutefois que le sens général n'a pas été entaché.

"Petit rappel sur les évènements militaires"
Maridepo - La Spezia 15-10 – 1938.
"Je rejoins "les armes" dépôt C.T.M. La Spezia le 15-10 - 1938. Classé définitivement "fuoch"(?). Puis muté catégorie trompettiste (clairon).
Transféré à Fiume comme clairon dans les sous-marins Casermetta à Borgomarina le 20-3 - 1939.

Transféré au dépôt C.T.M. de Pula, et successivement à l'École des sous-marins "Punta Monumenti" (Pula). Le 11-3 - 1941 j'ai été admis à l'infirmerie du dépôt pour fièvre rhumatismale et gastrite à l'estomac pendant 20 jours. Après l'Ecole des sous-marins admis à l'infirmerie (un mois, avec un verre de lait par repas et des cachets) pour gastrite, gastro-entérite, syndrome du côlon irritable et triple appendicite chronique de type gastralgique. Diagnostic "trouvé" par le capitaine médecin de l'école. Ensuite muté à la cuisine des sous-officiers pour tout le reste du temps où j'étais à l'école. Dans la même période le médecin capitaine m'a hospitalisé à l'hôpital MM pour une opération de l'appendicite. Bien cinq ou six fois je ne fus jamais reconnu malade par le directeur de l'hôpital le lieutenant-colonel Zaccaresi, qui me disait toujours les mêmes paroles : "Moi aussi j'irais bien volontiers à la maison et je ne voudrais pas faire le service."

Dernièrement, j'ai été amené à l'hôpital chez M. Zaccaresi, par le lieutenant-colonel Primo Lomgobardo, le célèbre "engloutisseur" de vaisseaux ennemis dans l'Atlantique, mais même cela n'était pas suffisant, car le lendemain matin suite à la visite, Zaccaresi m'a mis de sortie le soir même. Sauf que, après le déjeuner de la même journée, arriva à l'hôpital un commandant chirurgien, qui prit la charge du deuxième service de chirurgie où je me trouvais. La première visite faite par le nouveau commandant, lui aussi a trouvé le même diagnostic du capitaine de l'école, de sorte que, de suite, le 20 juin 1942, j'ai été opéré. Après vingt jours de convalescence et de la visite de contrôle au dépôt de Venise je "retournais convenablement au WC", alors que je souffrais encore d'adhérences. 

Le Lieutenant Colonel Primo Longobardo, médaille d'Or de la valeur militaire

Le navire atelier Quarnaro de la marine Royale

 

Le 11 Mai 1942, je fus transféré sur le navire atelier Quarnaro.

J'ai débarqué le 10-5 - 1943, pour exécuter une mission (affectation) à la batterie S. Margherita Toulon (poste militaire 999 Rep 32 Menton).

Après un mois de ration de guerre j'ai souffert de la faim et de la soif. Les puits d'eau de la batterie ont été empoisonnés par les Français. J'ai été admis à l'infirmerie pour gastrite chronique, adhérences chirurgicales, hémorroïdes externes et internes. Le commandant de la batterie le lieutenant Di Vascello Figaro a effectué ma demande de rapatriement. J'attendais le rapatriement quand est survenu l'évènement du 8 Septembre 1943.

J'ai été fait prisonnier de guerre par les Allemands et envoyé au camp de concentration en Allemagne M. Stammlager XII D, Trèves.

Après environ un mois, ils m'ont désigné pour travailler au chemin de fer (Arbeit - Kommando.Ort: Kirn 1, Nahe post 1022 / A). J'ai travaillé là un mois, puis, n'étant plus en mesure de faire le travail (je n'en pouvais plus des crampes d'estomac), ils m'ont donné plusieurs raclées. Puis, un beau matin, j'ai été emmené à un examen médical à Trèves. Je ne savais pas ce qu'ils me trouveraient. Cependant, revenu à Kirn ils m'ont mis à peler les pommes de terre dans la cuisine des "travailleurs du rail" pendant un mois. Puis à nouveau, ils m'ont envoyé au lourd travail de la voie ferrée, à réparer les voies bombardées. Dans les premiers jours ils nous faisaient travailler même sous les bombardements. S'ils ne bombardaient pas, il y avait peu de jours où arrivait à midi le mix de soupe de navets. Autrement nous partions le matin avec un peu de café dans l'estomac et on arrivait le soir à partager un morceau de pain à vingt ou vingt-cinq personnes. Puis arrivèrent les ordres pour décharger le charbon la nuit, et ainsi on travaillait jour et nuit et je souffrais de plus en plus de l'estomac. J'ai fait douze mois de cette vie, pour la plupart, presque toujours "mouillé".

Un jour, je suis tombé entre deux wagons blindés, chargé de rails, dans un tunnel à double voies, avec la locomotive en marche (par miracle je n'ai eu que quelques fortes contusions à la tête et au dos). Quelqu'un derrière moi a vu ma chute dans l'ombre. Avec un cri de frayeur ils ont arrêté la locomotive qui s'arrêta à une centaine de mètres de moi. En l'attente de trouver un levier j'ai mis un pied "pendant" (on avait des sabots néerlandais aux pieds). J'ai mis le talon sur le haut du crochet où on accroche les wagons, je me retournai sur moi même et tapait la tête sur les tampons. Avec le poids du corps j'ai glissé dessous, en tapant les épaules sur la voie de droite et les pieds sur la voie de gauche. Je ne sais pas, avec l'étourdissement que j'ai eu, comment j'ai trouvé la force, avec un mouvement rapide, de m'allonger le long de la voie notant que la coque du wagon au milieu s'est soulevé du sol d'environ vingt centimètres. Même pas ce qui m'a tapé, de sorte que le convoi passait sur moi, je fus indemne à part le coup que j'ai pris sur la nuque et aux poumons chutant d'une hauteur d'un mètre et demi.

Puis j'ai été transféré avec d'autres compagnons dans une mine de fer à Bingerbrück, un nœud ferroviaire important, près de Waldalgesheim".

Traduire avec Google ? De l'hérésie à mon sens. Capable du meilleur comme du pire. Des expressions "fort à propos", des dyslexies… Je maitrise un tantinet l'Italien et la traduction des deux pages précédentes m'a pris un certain temps. Il a fallu reprendre des tournures non traduites de façon satisfaisante, des mots erronés.

A force de vouloir bien faire, le cerveau, face à des phrases élaborées par la machine mises en relation avec le texte, se retranche parfois derrière un a priori, une brume abstraite. Nous en arrivons à "du petit Français". Pour cette raison, je n'ai point eu le courage de transcrire toute l'histoire de Silvio.

La lecture de son récit m'a cependant appris qu'il a subi, par la suite, de nombreuses abjections. Pour preuve, ci après quelques phrases de ces "avanies".

"Je suis arrivé au poids de trente trois kilos, mes compagnons me surnommaient la mort ambulante. L'odeur de pourri sortait de ma bouche et les douleurs me prenaient jusqu'aux poumons, je me sentais enfermé dans une cuirasse en fer…"

Que peut-on rajouter devant une telle barbarie ? Je suis dans l'expectative. Je m'interroge. Laisser dans un placard une somme non négligeable de souffrances, ma conscience me travaille.
Non ! Je ne peux me permettre d'être indolent devant les épreuves, les tortures, les brimades, les peurs, les vexations, les angoisses, les maladies, la faim, toutes ces humiliations que ces soldats ont subi. Finalement, je me dois de traduire, cela prendra le temps qu'il faut…

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Acquistapace après le stalag de Treviri

Même si Silvio n'était plus physiquement au stalag XII D de Trèves, ce qu'il a enduré doit être raconté. Je ne pense pas que ces infamies fussent diminuées au camp du Pétrisberg. Les Russes ont été particulièrement gâtés sur le sujet, Jean Louis Morvan le narre parfaitement (voir son onglet).

Comme déjà, indiqué ci dessus, en Italien, un proverbe dit : Tradutore, traditore" ce qui signifie traducteur, traitre. Très humblement je demande pardon à l'avance si celle-ci ne sera pas à la hauteur de ce que ces soldats, dans l'enfer des stalags, l'auraient souhaité. Certaines hérésies traductrices se manifesterons peut être. Nonobstant, la quintessence, sera rapportée avec le plus profond respect qui sied à ces damnés de la terre…

"Mon chef était un hiérarque de la SS. C'était la récompense, comme ils disaient, puisqu'ils nous avaient accordé le statut de civils. Selon eux, nous devions travailler et être traités comme des civils allemands ...

Ainsi nous traitaient-ils : le réveil du matin était toujours fait par le hiérarque SS, le révolver au poing, qui le plus souvent prenait plaisir à nous le cogner sur la tête en criant "Ausstieg" ["bas", "austim" dans le texte]. Ainsi j'ai donc commencé la nouvelle peine. J'ai résisté pendant plusieurs mois au travail dans les mines, fièvre élevée ou non. Ils voulaient vingt wagons de matériaux par jour sur l'élévateur à la galerie principale. Peu à manger, beaucoup de travail et de mauvais traitements à 380 mètres sous terre, avec un air malsain. Je suis arrivé au poids de 33 kg et mes compagnons m'appelaient "la mort ambulante". De ma bouche sortait une odeur de pourri, les crampes d'estomac me prenaient jusqu'aux poumons et je me sentais enfermé dans une cuirasse de fer, avec une douleur insupportable.

Un matin, j'ai décidé de ne plus me lever, au prix de me faire tuer. Notre chef ["scef" dans le texte], après de nombreux coups m'a tiré du lit (littéralement château en bois car lit à étages) et me dit de le suivre. En fait, il m'a transporté avec une charrette de paysan à l'hôpital où j'ai été admis d'urgence et j'y suis resté 37 ou 38 jours, mais avec peu d'améliorations. Ils me faisaient beaucoup d'injections et me donnaient peu de purée (à manger). Je me faisais expliquer des voisins de lit et d'une sœur Française de religion catholique et ils m'ont dit qu'ils me soignaient pour ulcère et pleurésie. En outre, j'avais compris quelque chose, même des médecins eux-mêmes.


Bingerbrück dans les années 1920

 

La mine “Elisenhöhe” vue de la gare de Bingerbrück

Un soir, entra dans la chambre un homme distingué habillé en civil. Nous avons pensé qu'il était médecin. Il a commencé à demander en allemand à chacun de nous de quelle nationalité nous étions et comment nous nous trouvions en Allemagne, soldats ou travailleurs. Moi aussi j'ai aussi répondu à ses questions et quand il a appris que j'étais un prisonnier de guerre et Italien il me regarda avec un visage haineux et s'enfuit. Deux minutes après vint la religieuse française et me dit que l'homme qui m'avait interrogé était de la SS et qu'il était allé au "bureau" ["Biro" dans le texte], c'est à dire dans le service, pour lui dire que j'étais un élément à envoyer à "l'Arbeit Front" (travail en première ligne !), où ils devaient travailler aussi longtemps qu'ils le pouvaient et quand ils ne pouvaient plus, ils leur faisaient creuser une fosse et ils les enterraient vivants, et non pas les maintenir en soins à l'hôpital. Ainsi je fus chassé avec une lettre à porter au responsable de la mine.

J'ai rejoins la mine cette nuit-là. Je marchais à travers les ruines de la ville complètement détruite. Pris comme point de référence la cheminée de la mine qui se dressait dans la colline que j'ai rejoint avec difficulté. Le lendemain matin, quand le chef passa pour le réveil, j'ai remis la lettre, il la lu et me dit de suite que c'était pour m'envoyer dans un endroit agréable. Deux jours se passèrent sans que l'on me donne quelque chose à manger et ils me faisaient nettoyer le dortoir qui se trouvait dans le grenier. Je protestai pour qu'il me donne quelque chose à manger, parce que je n'avais pas le courage de mendier à mes compagnons, qui avaient à peine deux patates en mélange avec des navets. Ils m'ont dit que le lendemain, il m'en aurait donné, puis ils m'envoyèrent l'interprète qui m'a fait savoir que le lendemain matin, je devais partir avec des Russes malades depuis assez longtemps. L'interprète m'a réconforté et m'a dit en même temps de faire attention où ils m'emmenaient, parce que dans d'autres camps il était déjà arrivé que les prisonniers malades, qui ne pouvait plus travailler, ils les emmenaient aux fours crématoires, mais je ne donnais pas cas à ces paroles. En fait, le lendemain, un étrange convoi est arrivé à la mine, à savoir un tracteur tirant une espèce de remorque avec une grosse caisse haute. Nous avons chargé 17 Ukrainiens russes, dont deux femmes, deux français et moi, seul Italien. Nous nous sommes demandé qui savait où nous allions, ils ont tous dit "en lazzarett", c'est à dire à l'hôpital.

Je pensais qu'on avait fait environ 40 kilomètres de la mine de Bingerbrück Waldalgesheim ["Binghenbrich dans Valdalghesaim" dans le texte]. Nous avons traversé une ville pas si grande dont je ne me souviens pas le nom [Wiesbaden? Cela pourrait être Coblence ou Mayence, qui pourtant n'avaient pas de camps de concentration]. En banlieue nous nous sommes arrêtés à l'entrée d'un camp de concentration, à ce qu'il semblait, et derrière lui il y avait de beaux terrains de tennis et d'autres sports. J'ai vu beaucoup d'hommes jouer en tenue (uniforme) jaune de la SS et ils nous faisaient peur. Je me rappelle, à partir de la mine pour arriver en ville, nous avons été obligés de nous arrêter et descendre rapidement plusieurs fois à cause de chasseurs bombardiers qui nous attaquaient. Ce matin là, la ville ressemblait à un tohu-bohu, une arrivée ininterrompue de formations de bombardiers. Finalement nous commençâmes à entrer les premiers après avoir été placé en file indienne. Les Russes devant, puis deux Français, moi en dernier. Nous entrions un à la fois. Deux soldats à l'entrée, avec une brosse et une petite bouteille de minium rouge, étaient occupés à faire, l'un un trait vertical rouge dans le dos, l'autre une ligne horizontale d'une épaule à l'autre, pour former ainsi une croix rouge sur le dos. Après un moment d'attente désespérée, j'ai vu un jeune homme vêtu d'un costume de mécanicien de la marine italienne en lambeaux qui, traversant le champ, est venu dans notre direction et s'arrêta agrippé au fil de fer barbelé du camp, un peu écarté des soldats.

Après s'être rendu compte qu'aucun des Allemands ne s'était aperçu de sa présence, il dit en dialecte sicilien : Il n'y a pas d'Italiens parmi vous ? Moi qui observait ses mouvements je levais les bras et dit : "Moi". Lequel me dit : "Pauvre fils et mère, tu sais où tu vas ?" Tu ne sais pas que ce camp est un camp d'extermination ?". Disant cela il s'en alla en tournant la tête de droite à gauche. On avait compris qu'il avait peur que quelqu'un le voit. Je frémis (pour ma vie) et informa le Français à côté de moi et lui aussi a également été stupéfait. Son compatriote était prêt à entrer et juste à temps, un bruit, un déplacement d'air, nous averti d'un grand bombardement en cours. Le chef, se rendant compte de la situation, je n'hésitais pas à faire une course désespérée nous dirigeant vers la campagne, pendant que tombaient résidences et villas. Moi et le français nous nous sommes rendus compte que le bon moment était venu pour s'évader. Eloignés de 50 mètres du chef, nous l'avons suivi. Les bombes tombaient à gauche et à droite, détruisant tout. Après un virage de la route, pendant une courte période, alors que nous dépassions un obstacle, un tas de gravats, nous avons perdu de vue le chef. Après un bon trajet dans la campagne nous l'avons encore vu se jeter à terre. Nous sommes arrivés à une haie (clôture) s'arrêtant au milieu, cachés, le cœur en tumulte, qui semblait vouloir sortir de la poitrine, et une douleur au flanc gauche. Nous n'en pouvions plus. Au bout de cinq minutes, le chef reprit sa course effrénée et nous l'avons suivi, mais de loin, puis nous l'avons encore perdu de vue, au voisinage de quelques fermes.

Après deux jours et deux nuits d'errance à travers la campagne, nous fûmes arrêtés par des policiers et des soldats rencontrés sur la route. Ils nous ont demandé où nous allions, seuls, et nous avons répondu à tous que nous étions en ville pour un examen médical et nous nous dirigions vers Waldalgesheim - Bingerbrück et que nous travaillions dans les mines. Alors, ils nous indiquèrent la route pour les rejoindre.

Nous étions arrivés, et nous n'avions plus le courage de nous présenter. Après quelques hésitations, nous avons décidé d'entrer par la porte principale. Le chef nous a rejoint aussitôt et nous dit d'aller chacun à son coin et faire un peu de toilette. Le lendemain matin, il est venu nous chercher tous les deux, toujours notre sac à dos accroché aux épaules. Il nous a emmenés sur la route qui mène à la ville et nous a donné un coup de pied au cul à chacun. Il nous a montré la route en disant : "Celle-ci est la route qui mène vers l'Italie, celle là c'est la route qui va vers la France, allez et ne revenez plus".

Après avoir fait quelques centaines de mètres, le français me dit: "Tu vois ces maisons? Là, travaille mes paysans chez des agriculteurs. Je vais me cacher là". Alors, je lui ai demandé: "Puis-je venir aussi ?". Il m'a fait comprendre que c'était déjà trop risqué pour lui et pour moi cela n'aurait pas été possible. Le saluant, je me dirigeais vers la ville, seul. Chemin faisant, je me suis souvenu d'avoir trouvé un jour, pendant que nous travaillions à sortir les morts de dessous les décombres de la ville, quelqu'un qui m'a dit qu'à trente kilomètres, c'est-à dire à Boppard où était son baraquement, il y avait une délégation de fascistes Italiens qui était intéressé par le rapatriement des malades, en particulier ceux des poumons. Sans hésitation, je me dirigeais vers Bingerbrück détruite par les bombardements. Il y avait encore des Français qui travaillaient à la gare. Avec le petit train, dans la soirée, nous sommes allés à Boppard, où ils avaient leur baraquement. J'ai attendu jusqu'au départ et je suis allé avec eux et arrivés à Boppard ils m'ont indiqué où était la baraque des prisonniers Italiens. En fait, ils m'acceptèrent, étant entendu, toutefois, de rester caché, en disant que dès qu'il le pouvait, le maréchal de notre marine, qui était le chef de baraque, me porterait à la délégation.

Interlude !

Interlude car l'envie de procéder comme les "antiques traducteurs" (avant que le progrès technique ne fasse son apparition et que l'ordinateur supplante notre imagination) m'a envahi.

Papier, crayon. La translation coule comme de l'eau de source. N'étant pas pollué par l'apriorisme de l'automatisme, je m'étonne moi-même de la facilité à laquelle j'ai à comprendre son texte. Cela sourd comme de l'eau de source. Je ne suis pas resté sourd à mon envie ! Il me faudra simplement comparer mes écrits et ceux de Google car, bien évidemment par fainéantise, je ne vais pas saisir le texte mais recopier et remodeler en fonction de ce que le moteur de recherches m'indiquera. Inutile de préciser que je saisirai le meilleur de sa prose et de la mienne.

Je ne peux être que reconnaissant au futur lecteur de ces quelques lignes s'il avait l'amabilité de me faire savoir comment il apprécie le style qui suit et s'il est à la hauteur de la première partie traduite.

Vous comprendrez que, là encore par paresse, je ne pense pas reprendre ce qui précède, à moins qu'un avis contraire ne m'y encourage…

"Là, je restais une semaine, mangeant quelques pelures de pommes de terre que les autres refusaient. Puis vint le jour où le maréchal m'invita à sortir avec son équipe. En passant par la ville le maréchal m'indiqua du doigt un portail me disant que la délégation était là. J'y allais et expliquait tout. Ils m'ont dit qu'ils étaient très désolés, mais qu'il n'y avait plus un mètre de ligne "active" pour aller en Italie, et d'attendre (supporter) avec patience qu'ils pourraient m'aider autrement.

La gare de Bingerbrück détruite à la fin de la guerre (notons les "restanques" que JL Morvan décrit si bien dans ses mémoires (Mémoires du KG) (voir son onglet) pour ceux qui les ont lues. Une difficulté extrême des travaux qui leur étaient imposés…)

Ils me firent trois lettres dans trois grandes enveloppes rouges et ils me prièrent de retourner à la mine et donner ces enveloppes au chef. À contrecœur je retournais. Quand il m'a vu entrer, le chef hocha la tête et me fit signe d'approcher. Je lui donnais en main propres les lettres. Il les lu de suite, puis me regarda avec un air sévère et dit: «Komm!" ["Cam" dans le texte]. Il m'emmena en cuisine récupérer la soupe des compagnons. Je la portais au dortoir, où il me rejoignit de suite, et lui demandais quelque chose à manger. Il me répondit qu'en Allemagne qui travaille mange et qui ne travaille pas ne mange pas, puis il me donna l'ordre de nettoyer chaque jour le dortoir, et il me concédait une moitié de mélange de pousses de navets et rien d'autre.

Après un mois, guère plus, finalement les Américains sont venus, en bas, en ville un soir. Après minuit, les Allemands nous ont fait traverser le Rhin sur l'autre rive de la colline. Il y eu encore 18 jours et 18 nuits de marche, à tour de rôle tirant un chariot rempli d'outils pour faire des barrages antichars. La dernière nuit de marche ils me firent entrer à trois heures du matin dans une salle de classe. Nous nous sommes endormis à peine jeté à terre. Pendant ce temps, les chefs qui nous accompagnaient, profitant de notre sommeil, décampèrent à pied, nous laissant libres à notre destin encore difficile.

Le Jeudi Saint (ascension) de 1945, les Américains nous ont libérés. Ils nous rassemblèrent dans des camps de concentration en l'attente du rapatriement (Idstein ["Istein"], Markusberg [(Trèves), «Maseurber"] et Wittlich ["Vitlisc"]. Dans les camps précités, j'ai toujours été hospitalisé et soigné au mieux par les Américains.

Rapatrié le 15juillet 1945. Admis à l'hôpital de Sainte-Anne [(Côme)] pour contrôles et tests diagnostiques, au tube digestif et à la plèvre.

1) La Spezia (mobilisation, 15 octobre 1938)

2) Fiume (clairon, 1939)

3) Pola (école des sous-marins)

4) Venezia (visite médicale)

5) Pola

6) Quarnaro (bateau, 1942)

7) Tolone (mission urgente, 1943, 8 Septembre prisonnier des Allemands)

Les lieux de détention en Allemagne

8) Trèves (camp de concentration)

9) Kirn (travaux sur les voies ferrées)

10) Trèves (visite médicale)

11) Kirn

12) Bingerbrück (commune de Waldalgesheim mine jusqu'en fin 1944)

13) Wiesbaden? (camp d'extermination)

14) Bingerbrück

15) Boppard (en espérant le rapatriement)

16) Bingerbrück

17) Idstein (prisonnier Américain)

18) Markusberg (commune de Trèves, prisonnier Américain)

19) Wiesbaden (prisonnier Américain)

20) Colico (rapatriement, 15 juillet 1945)...

1) Ce bref mémorandum (comme indiqué au début de son histoire) a été écrit avant tout pour accompagner les documents nécessaires à la demande de pension de guerre. Pour ce motif, l'auteur se concentre sur les aspects médicaux (santé) et les travaux (affaires). A noter que tous les dossiers médicaux, après avoir été présentés à un certain bureau (office), ont mystérieusement disparu, l'empêchant de recevoir une juste reconnaissance des dommages subis. Les notes suivantes portent sur des anecdotes omises dans le texte.

2) Silvio rapporte que, après avoir atteint le sommet de la colline et en regardant la ville, il a constaté que l'hôpital avait été détruit par les bombardements.

3) Pendant sa captivité, il ya plusieurs circonstances dans lesquelles Silvio s'est trouvé sur le point de mourir (à un doigt de la mort) et desquelles il est mystérieusement sorti vivant. Il est devenu un homme profondément religieux, et pour lui, cela relève de miracles. Un autre cas singulier s'est produit au travail dans la mine. Ensemble à d'autres prisonniers il est resté enseveli par une chute de pierres. À tâtons dans l'obscurité, après un certain temps ils ont réussi à communiquer avec l'extérieur en tapant sur un tuyau de fer, jusqu'à ce qu'un groupe de prisonniers Russes de passage leur ont répondu et en creusant ils ont réussi à les délivrer. Silvio rapporte aussi que, dans un moment de profond abattement, il avait prié la Madone de ne pas le laisser mourir en Allemagne, et en réponse à s'entendre ces paroles "Tu ne mourras pas ici. Tu rentreras chez toi et tu seras père d'une famille nombreuse. Bien que réduit à l'extrême, Silvio a pu rentrer chez lui, épousa une fille du pays et devint père de dix enfants (cinq garçons et cinq filles).

Site créé par son neveu Guido et de sa fille Marilena. Les images ont été prises sur internet. Pour plus d'informations: fam.copes @ libero.it

Notons ici, que tous les dossiers médicaux d'Acquistapace, après avoir été présentés à un certain bureau, ont mystérieusement disparu !

Le chapitre consacré à Albera Andréa (voir son onglet), débute de la même manière : "Cette page est dédiée à mon père Andréino lequel, à cause de l'incendie des archives militaires, n'a jamais été reconnu le statut de déporté".

Coïncidences ? Concours de circonstances ? Drôle d'hasard ! Vous les appellerez comme vous voudrez. Personnellement, je ne le pense pas. Pourquoi ? Les recherches sur la toile avec google.fr, .it, .de, .ru, .uk, .be, etc. à propos du stalag XII D ont donné peu de résultats (quelques récits insérés dans ce recueil). Et sur trois récits d'Italiens, deux ont posé problème. Qu'en déduisez-vous ? Devons nous incriminer des autorités de ce pays ?

Un soupçon d'hypocrisie sans doute. Pourquoi dire que des soldats qui ont combattu avec les Allemands pendant plus de trois ans peuvent être considérés ensuite comme des déportés ? Une hérésie ! Soyons sérieux, le militaire de base n'a rien demandé. Que les responsables (je ne citerai aucune instance) prennent leurs responsabilités…