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Kobarid ou Caporetto
A la gloire de mon père
Merci Wikipedia ! Le site me permet de vous parler de la bataille de Caporetto.
Pourquoi vous parlais-je de cela ? Lisez, un peu plus loin vous comprendrez.
C'est une bataille de la Première Guerre mondiale, qui eut lieu du 24 octobre au 9 novembre 1917 au nord de l'Italie. Caporetto, aujourd’hui Kobarid en Slovénie, est alors le point central d'une offensive austro-allemande... STOP !  Inutile de vous faire un cours d'histoire, consultez WIkipedia !

A la gloire de mon père...

La gloire de mon père. Je n'ai pas résisté à emprunter à Pagnol le titre de cette page web. Normal en tant que Méditerranéen !
Mon père. Un Italien, émigré en France à l'âge de 24 ans, dans les années trente. Il a donc accompli son service militaire dans son pays d'origine. Et puisque nous sommes dans le "volet" militaire, je n'ai pas voulu l'oublier. J'insère ici quelques anecdotes le concernant. Perso, pourquoi ai-je effectué ma conscription en France... ou plutôt en Allemagne ? A l'époque c'était la loi du sang. Mon père a voulu éviter des complications et m'a naturalisé Français alors que je n'avais pas deux ans. De nos jours, c'est la loi du sol. Allez comprendre l'espèce humaine...

Mon père en 1927 (lui ressemblerais-je ?)

A vingt ans, en 1926, mon père fut appelé sous les drapeaux.
Incorporé au 9ème régiment de chasseurs Alpins sous le matricule 6644 (62) commandé par le colonel F. Pisoni. Il était en " occupation " en Yougoslavie à Tolmin près de la frontière Autrichienne. Tolmin est éloigné de 14 km de Kobarid, sud est, même vallée. Les Austro Allemands avaient perdu la guerre... Yougoslavie ? Et oui, ce n'était pas encore la Slovénie.

Caporale Maggiore (caporal chef) à la fin de son temps, il fut démobilisé le deux septembre 1927. Durant le temps passé sous les drapeaux, il servit avec fidélité et honneur, sa "feuille de congés" en témoigne. Il se retira dans la commune de Rivolto, le maire contresigna cet original.

Feuille de congés de mon père

Lorsque j’étais petit, il me racontait parfois quelques aventures de ce temps là. Lorsqu’ils montaient les canons à dos d’âne sur des pentes abruptes, et qu’ils dégringolaient sur les fesses ces mêmes pentes enneigées et verglacées.
Les images qui suivent le prouvent ! Ne stressez pas, je vous traduis les paroles de la célèbre chanson "dei Alpini", que vous pourrez écouter sur Youtube !!!






Avant de parler de la chanson, reparlons un peu de Caporetto.
Sanglante bataille de 1917. Je n'ai pas l'envie de développer, de vous raconter tous ces jeunes de vingt ans qui  y ont laissé leur peau. J'ai, ou plutôt nous, avec mon père et ma femme, visité dans les années soixante dix le cimetière de Rédipuglia. Près de Trieste. Les morts se comptent par dizaines de milliers. Le poète Italien Gabrielle d'Annunzio s'illustra, comme il s'illustra également à la victoire, cette fois ci, de Vittorio Veneto en 1918.

En novembre 1917, les Italiens effectuèrent une retraite en franchissant le Tagliamento après la bataille de Caporetto (photo en provenance du site Wikipedia). Je peux dire que mon père m'en a souvent parlé de ce fleuve. Bigre, il passe à seulement dix kilomètres d'où il est né !

Le pont a sauté pour proteger la retraite !

Cimetière de Rédipuglia. Wikipedia indique :

Le cimetière militaire de Redipuglia est le plus grand cimetière militaire italien et l'un des plus grands au monde. Érigé sur le territoire de la commune de Fogliano Redipuglia dans la province de Gorizia (Friuli-Venezia Giulia), région ethnico-culturelle de la Bisiacaria (it), sur un projet de l'architecte Giovanni Greppi et du sculpteur Giannino Castiglioni (it), il fut inauguré le 13 septembre 1938. Il conserve les corps de plus de 100 000 morts tombés lors de la Grande Guerre.



Le cimetière après la grande guerre



Fronton

Les Alpini (traduction image au dessus du fronton).
A nous soldats du Carso ( haut plateau rocheux calcaire des Alpes dinariques qui s'étend au nord-est de l'Italie, donc ou a eu lieu la bataille)
Gloire, dormons ensemble (à côté),
Aux purs héros des montagnes,
Nos frères Alpini.

Et voilà pourquoi, mon père fût en occupation à Tolmin tout près de Kobarid...

Heureusement il y avait les copains (comme pour moi en Allemagne...). Deux groupes de chasseurs en promenade...





La chanson des chasseurs Alpins Italiens (les connaisseurs de la langue de Léonardo Da Vinci apprécieront) :

Ci après, un lien qui vous dirige sur un site où nous trouvons la plupart des chansons sur "I Alpini" (textes, chansons, vidéos qui nous "ramènent" à Youtube)

http://www.anadomodossola.it/musica/testi%20canzoni/Testi%20Canzoni%20Alpini.htm

Lien "direct" Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=YDEUo6TDUwk

L'originale : http://www.youtube.com/watch?v=EHoXs6axnlM

Egalement connue sous le nom de plume noire (ou "plume sur le chapeau"). C'est une chanson particulièrement réputée qui dès le premier verset décrit l'une des caractéristiques distinctives du corps des chasseurs Alpins (Italiens), ou la classique plume noire positionnée sur le chapeau.
Les Paroles de la chanson s'entonne ainsi :

Sur le chapeau que nous portons il y a une longue plume noire qui nous sert de drapeau sur les montagnes à guerroyer.
Oilalà.
Sur les montagnes où nous serons, nous cueillerons les edelweiss (étoile des alpes) pour les donner aux demoiselles, pour les faire pleurer et soupirer.
Oilalà.
Sur les montagnes où nous serons, nous "planterons" (installerons) le camp, toast au régiment, vive le corps des chasseurs Alpins
Oilalà.
Sur les montagnes où nous serons, nous "planterons" (installerons) le drapeau, Oh Trentino (région d'Italie) de mon cœur nous te viendrons te liberer
Oilalà.
Et vive, vive le régiment, et vive vive le corps des chasseurs Alpins
La partie finale de la chanson, fait la louange du Corps des Chasseurs Alpins.

Le texte original en provenance du site ci dessus :

Cliquer sur l'image pour l'agrandir !

Avant dernière anecdote : Hiver 1917.

Une histoire que mon père m'avait raconté quand j'étais gosse. Je ne l'ai pas oubliée. On n'oublie pas "sa" permière cigarette...
Il venait juste d’avoir onze ans.
La faim lui tenaillait le ventre. Il arpentait le chemin de campagne qui était perpendiculaire à la route principale du village.
Il sortit de sa poche un mégot de cigarette trouvé sur l’asphalte de la rue principale, près du bar, jeté sans doute par les soldats Allemands. Eux avaient les moyens et pouvaient fumer à volonté. C’était l’occupation par les Austro Allemands, le village se terrait. Deux mois déjà que la terrible bataille de Caporetto avait eu lieu. Tragique défaite Italienne.
Il tira quelques bouffées, récupéra dans ses poumons toutes les toxines et, avant d’aller manger, utilisa un subterfuge pour éviter qu’il ne sente le tabac. En somme, c'était une chance que ses compatriotes avaient reculé jusque sur les rives du Piave. Sans cela, il n'aurait pu goûter à ce nouveau plaisir de la cigarette.



Rue pincipale de Lonca di Codroipo où mon père est né.
Depuis le début du 20ème, les maisons n'ont pas changé.

La maison où mon père est né

 La route de gauche va vers Passariano et celle de droite vers Rivolto

Dernière anecdote : Tolmin (Yougoslavie). 1976.

En voyage dans le pays d'origine de mon père (Province d'Udine, Italie), nous décidâmes d'aller visiter avec lui, la ville qui a vu sa conscription. Un peu plus d'une cinquantaine de kilomètres. Frontière Yougoslave à l'époque. Fouille obligatoire du coffre de la voiture. On n'entre pas dans un pays communiste "à volonté".
Très rapidement il a reconnu l'entrée de la caserne. Quelques photos de ci de là.
Ne voilà t'il pas qu'un adjudant (j'ai reconnu les galons) tout vêtu de gris arrive en trombe avec deux soldats ? "Milica... Milica..." criaient t'ils. Que nous veulent ces escogriffes ? Escortés à la gendarmerie, nous comprîmes que les photos étaient interdites. A l'heure des satellites, allez leur faire entendre que l'on pouvait photographier une boite d'allumettes depuis une altitude de 800 kilomètres. Heureusement que le chef de poste parlait l'Italien, nous avons pu nous expliquer.
Il nous a "libéré" après une heure de palabres (on leur a laissé l'appareil photo !).

Dernière anecdote ?

Ma progéniture voudrait que j'en raconte encore quelques unes sur leur papy !
Puisque nous sommes dans un volet militaire, j'en rajouterai deux. La seconde s'avère quelque peu dramatique, effroyable, épouvantable. Vous lui attribuerez le qualificatif que vous voudrez.
Commençons par la première...
Mon père a connu l'école jusqu'à la fin du primaire. Ensuite le travail l'a rattrapé. La libération venue (1927), il ne tarda pas à s'apercevoir que rester en Italie, où Bénito Mussolini, le Duce, avait pris le pouvoir absolu en 1925, devenait difficile.
Il fallait manger, s'integrer au pays, devenir un bon citoyen, tout cela posait problème. Alors il décida de laisser ses frères et soeurs et d'émigrer.
Lorsque mon père débarque en France en 1930, il met pied à terre dans la région de Foix, en Ariège. Il n'y est resté qu'un an. Puis il vînt à Toulon.
En 1936, il fut convoqué au consulat Italien de Toulon. On lui ordonna de retourner en Italie car il était mobilisable (guerre d'Espagne où les Italiens et Allemands prêtèrent main forte à Franco). Mon père répondit qu’il n’avait aucune intention d’aller combattre un pays ami de celui qui l’avait accueilli (L'Espagne était républicaine à ce moment là).
"Sarete fuscillato nella schiena" lui a ton crié (vous serez fusillé dans le dos) comme les déserteurs.... "Oui, dans la mesure où vous me prenez", et il est parti. Autant dire qu’on ne l'a pas rattrapé. Lui, au contraire aurait nettement préféré s'engager volontaire  dans les brigades internationales (comme certains de ses amis) pour prêter main forte aux républicains (retenez ce passage).
Pendant la guerre de 39-45, mon père a vécu entre Toulon et La Garde dans le Var. Il aurait fait quelque peu de la résistance, ou plutôt aidé des "amis" qui en avaient besoin...
A la Garde, il habitait rue Carnot avec Primo, surnommé "Primo de la Garde" et sa femme Maria, les parents d’Odette, celle qui beaucoup plus tard a enfanté d’un fils très handicapé, Marc.
Résistance ? Immigrés sur le sol Français ? Deux pas restent à franchir pour parler de FTP-MOI (Francs Tireurs Partisans, Main d'Oeuvre Immigrée).

Je m'arrête là, car mon père ne m'a jamais parlé de cette période . Laissons donc place à l'imagination...


Mon père à gauche avec un ami le jour de la libération
Celle du 08 mai 1945 !

Dernière…

Santo.

Moro Santo, frère de Giovanni. Je ne l’ai jamais connu, et pour cause. Né en 1916, il est mort à la guerre d’Espagne en 1936. Engagé dans l’armée Italienne non par désir d’être militaire mais parce qu’il avait faim. C’était le seul moyen qu’il avait trouvé de gagner son pécule. A l'époque remplir la gamelle n'était pas une sinécure. Que peut-on faire à vingt ans ? Même aujourd'hui j'en connais qui s'engagent pour éviter le pôle emploi !
Il est mort, d’après ce que l’on raconte, en portant secours à un autre soldat blessé, très peu de temps après avoir débarqué. Un jour ? Deux jours ? Où a t-il été enterré ? Nul ne le sait, dans la mesure où il a été enterré. Une vielle photo en noir et blanc traîne dans une boîte en carton qui sert de rangement. Je vous l'insère sur ce site…
Si les FTP-MOI laissent notre imagination vagabonder dans la précédente anecdote, dans celle-ci c'est également la même chose. Imaginons que mon père se soit engagé dans les brigades Internationales ? Vous devinez ? Oui ? Non ? Dois-je mettre les points sur les I ? Ils se seraient entretués… Des cas semblables il y en a une foultitude sur terre. Sans doute dans toutes les familles, comme par exemple celle de ma femme. La guerre 39-45 laisse toujours des séquelles… "Pauvre espèce humaine"…


Moro Santo, mort en Espagne à vingt ans